Dans un réseau ferroviaire, le rail est soumis à des contraintes mécaniques d’une intensité extrême :
plusieurs dizaines de millions de cycles de charge,
des pressions verticales supérieures à 10 tonnes par cm²,
des efforts latéraux incessants.
Les aciers modernes (profils 50E6 ou 60E1), plus durs mais moins ductiles, développent sous ces sollicitations une zone « écrouie » en surface. Cette zone concentre des réseaux de fissures qui, si elles ne sont pas traitées, se propagent en profondeur. L’augmentation des charges transportées et de la puissance de traction a amplifié le phénomène : aujourd’hui, près de 75 % des défauts recensés sur le Réseau Ferré National sont liés à la fatigue de contact et représentent 15 % des ruptures ainsi que la majorité des retraits de rails.
Des pathologies bien identifiées
Fissures de type head check , usure ondulatoire, squats, défauts de soudure, marques de ballast ou écaillages : ces défauts, s’ils ne sont pas traités, réduisent la durée de vie du rail et dégradent la sécurité et le confort de circulation.
Le fraisage : une réponse industrielle et écologique
En France, Vossloh utilise le train de fraisage SF03 W-FFS conçu par Linsinger pour réaliser un reprofilage complet des rails, sur lignes classiques comme sur lignes à grande vitesse. Ce moteur est doté :
d’un système de mesure embarqué (détection du head-checking, analyse des ondes d’usure ondulatoire),
d’un rugosimètre pour vérifier l’état de surface,
d’outils de mesure manuels de profil et d’enlèvement de matière,
et d’un système d’aspiration intégral des copeaux, garantissant l’absence de résidu en voie.
Les fraises, équipées de plaquettes au tungstène, retirées entre 0,4 et 1,8 mm par passe dans un seul sens de progression, restituant un profil optimal et une surface lissée. Depuis 2021, près de 100 postes sont réalisés chaque année pour SNCF Réseau, quand la Deutsche Bahn en commande près de 2000 sur un réseau de taille comparable — preuve que le potentiel de prévention reste important.
Un maillon clé de l’économie circulaire
Le fraisage ne se limite pas à « réparer » :
il ralentit la propagation des fissures ,
il prolonge la durée de vie des rails en évitant des remplacements prématurés,
il réduit les vibrations , préservant l’intégrité des traverses, attaches et roues,
optimiser l’utilisation de l’acier, notamment les extractions et émissions associées.
Combiné aux contrôles par ultrasons (qui détectent en amont les défauts internes), il permet une maintenance prédictive et un réemploi maximal, cohérents avec les objectifs de l’économie circulaire ferroviaire : moins de déchets, plus de performance, et un cycle de vie des rails optimisé.