Voyager par temps de canicule ou après un orage révèle un constat évident : notre réseau ferroviaire est toujours plus exposé aux caprices du climat. Ce que perçoit tout utilisateur se traduit dans le quotidien de ceux qui entretiennent et font évoluer ces milliers de kilomètres de voies. Dans un monde où le changement climatique impose ses défis, la résilience du ferroviaire n’est pas seulement un enjeu technique et économique, c’est une véritable responsabilité sociétale.
Le rail, souvent associé à la robustesse, montre sa fragilité face à l’intensification du climat. Vagues de chaleur déformant rails et caténaires, inondations destructrices, glissements de terrain, incendies dévastateurs, pannes électriques liées à la météo extrême… Ces phénomènes ne sont plus des exceptions. Chaque année, environ deux tiers des communes françaises voient leurs lignes affectées par un événement climatique, et cette tendance s’accélère.
Une étude nationale récente identifie cinq facteurs critiques :
Les hautes températures qui provoquent la dilatation et parfois la déformation des rails.
Les incendies proches des voies , endommageant la signalisation et les télécommunications.
Les inondations par ruissellement , affectant ouvrages en terre et plateformes.
Les inondations par débordement , impactant ouvrages d’art et infrastructures.
Le retrait et gonflement des argiles , qui déstabilisent les sols et ouvrages, notamment dans le Sud-Ouest et le Bassin Parisien.
En 2022, les intempéries ont coûté environ 32 millions d’euros à SNCF Réseau. Ce chiffre regroupe les dépenses de maintenance, les réparations d’urgence, ainsi que les pertes induites par les retards et suppressions de trains. Mais derrière ces chiffres se cachent aussi des enjeux humains : les agents travaillent dans des conditions parfois extrêmes, et la confiance des usagers s’effrite face aux perturbations répétées.
La résilience, c’est la capacité à anticiper, absorber et rebondir face aux aléas climatiques. Elle devient une composante forte éthique : sécurité des voyageurs, préservation de la santé des collaborateurs, gestion proactive des infrastructures, réduction de l’empreinte environnementale et collaboration avec les territoires concernés. La RSE dans le ferroviaire est aujourd’hui indissociable de cette démarche.
L’obsolescence de certains composants accroît la vulnérabilité : rails plus ailerons, ouvrages d’art anciens, systèmes de signalisation dépassés. Le défi est de rompre avec la réparation systématique en privilégié la rénovation en profondeur, planifiée sur le long terme selon les normes climatiques européennes.